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Puzzle, le dernier Thilliez

Whooz : Franck Thilliez
ON : en 2013 avec Puzzle, son dernier livre

Petite cuisine interne – Une master classe de Franck Thilliez

Le 10 octobre 2013, le Furet du Nord de Lille recevait Franck Thilliez devant un parterre d’amateurs dont la motivation était d’en savoir plus sur « Puzzle », le dernier ouvrage du maître du polar sorti il y a peu.

Puzzle n’est pas un polar - Qu’a cela ne tienne, on retrouve la patte qui a déjà donné tant de sueurs nocturnes a ses lecteurs.

Cette rencontre organisée par le Furet du Nord avait un écueil à éviter, celui de révéler l’intrigue du roman. Ce qu’elle fit en évoquant principalement la petite cuisine interne de Franck Thilliez.

Photos exclusives

Franck Thilliez le 10 octobre 2013 au Furet du Nord de Lille

Les personnages. « Bien sûr, c’est compliqué d’incarner des personnages, ça prend du temps car il faut tout de suite que le lecteur soit avec eux. Mes lecteurs connaissent Lucie et Franck, mes personnages récurrents, pour ces derniers la difficulté sera de leur faire vivre une histoire. Dans le cas de « Puzzle », je pouvais créer autant de personnages que je le voulais (ici ils seront 8), mais l’importance était d’aller à l’essentiel. L’important était de pouvoir les identifier rapidement. Comme dans la série « Lost » où chaque personnage est identifiable avec un trait de caractère ».

« L’autre difficulté était de ne pas se tromper dans le casting ».

Processus de création. « L’histoire ne vient pas d’un bloc, elle ne tombe pas du ciel ! »

« J’observe une phase d’attente et de recherche. Je suis alors entre deux eaux – attente et recherche. Et je fais une sorte de bilan. Pour « Puzzle », il faut savoir que je voulais créer un huis clos. « Puzzle » présente également une chasse au trésor, la poursuite d’un but. La raison en est que j’ai toujours rêvé devant les Indiana Jones et leurs chasses aux trésors … et que la télé réalité à base de recherches m’intéresse également beaucoup. Ensuite il y a mes pôles d’intérêt traditionnels autour de la psychologie, la manipulation, la paranoïa … Mon principe est donc de bâtir mon histoire autour de ces thèmes, de ces pôles d’intérêts et de faire des points de jonction pour répondre a ce que j’ai envie de faire. Bien évidement des choses en appellent d’autres … tout se construit sur quelques mois. »

« J’aime bâtir des histoires complexes, ici il s’agit d’un jeu où personne en connaît la règle. Un jeu comme une légende urbaine. Voilà le point d’entré que j’avais pour mon histoire. Ensuite, il me fallait plusieurs histoires (il faut prévoir plusieurs niveaux pour le lecteur). Cela rend la conception de l’histoire difficile. Quand je prépare un livre il me faut préparer le terrain : l’amas de couches, la conception de l’histoire avec « des blocs a déplacer. Je ne peux commencer mon livre avant de n’avoir établi tout cela, les différentes couches, les différents ressorts, les différents points à rejoindre. Ensuite, seule l’écriture met les personnages en interaction entre eux. Je ne connais pas la fin de mon histoire, mais je connais le but de celle-ci ».

Exemple. « Pour « le Syndrome E » (Fleuve Noir, 2010), je voulais écrire un livre sur « les orphelins de Duplessis » (les orphelins qui ont faussement été déclarés malades mentaux par le gouvernement du Québec et enfermés en institutions psychiatriques). Je connaissais la fin de mon histoire, les détails me sont venus à l’écriture ».

Un hôpital pour terrain de jeu. « Les personnages, les lieus et la météo (c'est-à-dire l’ambiance), voilà les éléments dans l’ordre auxquels je réfléchi ».

« J’aime le froid ! ». (Propos tenus avec le sourire, Franck Thilliez est un Homme du Nord !)

« Les lieux sont évidemment très importants. L’hôpital psychiatrique désaffecté fonctionne bien. Pour « Fractures » (Le Passage, 2009) j’avais déjà fait des recherches sur les lieux psychiatriques, mais habités. L’hôpital psychiatrique est un lieu d’ambiance qui est ici situé en montagne ».

« En fait, ne pas savoir où sont mes personnages, ce n’est pas grâve – j’ai crée un endroit où l’enfermement est important ».

Les lignes de la science. « On est encore une fois au cœur du cerveau, avec une question : un cerveau malade peut-il se soigner lui-même ? ». « Ce thème est un peu le moteur de mon écriture, depuis le début. J’ai d’abord commencé par les tueurs en série pour, dans « Puzzle », en arriver à la question : « le fou sait-il qu’il est fou ? » ».

« Cette fois il y a un élément de psychologie sociale, a savoir « comment les gens interagissent entre eux ». Exemple, la fameuse expérience de Milgram de soumission a l’autorité où on décharge de leur responsabilité ceux qui tentent l’expérience. La psychologie sociale ainsi que la psychologie des personnages font chez moi l’objet d’une recherche avant l’écriture du livre ».

Ce livre commence en deux temps. Le premier chapitre nous paraîtra plus sombre et plus complexe à la lecture du second chapitre ! – remarque de l’intervieweur.

« On est dans la problématique de « comment commencer le livre ? ». Traditionnellement, j’ouvre un livre avec une action directe, « le bain ». On est dans le truc. Dans mon denier livre, on se posera des questions dès le premier chapitre, et ensuite on cherchera des réponses (d’où le titre « Puzzle »). Mais attention, il y aura des portes qui s’ouvriront, alors que d’autres se fermerons ! Le but est de diluer l’info, de sentir dans l’écriture quand dire les choses. D’où une conception rigoureuse où il faut être son propre lecteur, et le lecteur lui-même ».

« Il faut provoquer du suspens. Les personnages vont se trouver dans des situations qui leur échappent. Ils seront pris dans « un point de non-retour », et ce n’est qu’ensuite que les ennuis commenceront … Ce qui ferra plaisir au lecteur, c’est de voir le personnage se sortir des impasses, mais également le changement de situation qui le fera évoluer. Il y a une oscillation, le personnage doit également souffler un peu ! – l’aspect « préparation de l’ouvrage » est donc extrêmement important, ceci pour avoir « une vision émotive » du livre.

Les influences. « Proust, juste pour la madeleine ! » - « J’ai pris ici des références qui m’ont marquées dans ma jeunesse, par exemple, l’univers de Stephen King. Tout de suite le lecteur, pour « Puzzle », ira vers la référence « Shining » … Mes premiers lecteurs m’ont évoqué « Shutter Island » pour l’hôpital psychiatrique, mais ce film n’est ici, pour moi, pas une référence, il en est de même pour « The Game », le film avec Michael Douglas.

« On est ici plus dans l’univers de la psychologie, de l’ambiance. C’est un univers un peu différent de mes romans policiers ».

« Je n’aurais pas de tristesse de quitter mes personnages, je sais que mes deux personnages récurrent m’attendent … ».

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Dédicace. La rencontre se termina par une séance de dédicace qui dura un peu moins d’une heure et demi ! Il ne fut pas rare que Franck Thilliez signa son dernier ouvrage trois par trois ! Les amateurs penseraient-ils déjà aux fêtes de fin d’année ? Pour « Puzzle », la dédicace était constituée autour du dessin d’une pièce de puzzle. Lors des dédies multiples, seul le premier ouvrage (celui destiné a celui qui demandait sa dédie) comportait cette pièce de puzzle dessinée par les soins de l’auteur.