Dans la brume écarlate de Nicolas Lebel vu par Eppy Fanny

Whooz : Nicolas Lebel
ON : Dans la brume écarlate – Marabout, 2019

Dans la brume écarlate
de Nicolas Lebel

Chronique d’Eppy Fanny 

C’est avec un immense plaisir que j’ai retrouvé le Capitaine Mehrlicht et son équipe dans un Paris oppressant noyé dans la brume et une visite guidée hilarante de Père-Lachaise.

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L’histoire

Alors que Daniel et Mado passent ensemble une excellente soirée parisienne, Lucie, une étudiante disparaît. La mère de la jeune femme vient déclarer sa disparition. Elle a 21 ans, vit avec sa mère et sa grand-mère et ces deux dernières sont persuadées qu’elle est morte. Une déclaration sans appel qui va bien surprendre nos trois policiers.

Mais en bons professionnels ils vont faire le job et se renseigner sur Lucie.

Le téléphone du bureau sonne, sans fioriture lui, et voilà la fine équipe direction le Père- Lachaise. Des traces abondantes de sang dans une allée font désordre.

Quai de la Tournelle, deux pêcheurs vont sortir de la Seine une énorme prise qui fait plonger le bouchon de l’un d’eux et résiste.

Extrait P68 : « …les deux hommes, épouvantés, distinguaient maintenant le cadavre blême qu’il ramenaient à eux, le corps nu d’une jeune femme brune, son visage livide et ses seins et ses cuisses affleurant l’onde noire, ses cheveux en étoile autour de sa tête, ses paumes et ses yeux vitreux tournés vers un ciel invisible, une ondine macabre à tout jamais muette. »

Une Ondine qui porte deux trous dans la carotide. Elle a été vidée de son sang. C’est la cause de sa mort. L’inconnue de la Seine n’est pas Lucie. Voilà notre équipe avec une enquête complexe sur les bras.

Extrait P113 : « - On a un nom, Lucie Maturin, une mare de sang et un corps. Pour l’instant entre ces trois éléments, il n’y a rien qui correspond. Alors ça me file les abeilles… »

Le tout dans un contexte délicat : la tension entre Latour et Dossantos ne s’est pas apaisée. Le Commissaire Matiboult est sur le départ, et, le nouveau, Saint-Croix de Marcillac, est loin de convaincre Mehrlicht et son équipe. Puis, Daniel se prépare pour les sélections de ce foutu jeux télé et doit constamment contrôler son langage…

Lucie s’avère ne pas être aussi lisse que ça. C’est une gothique et avec une bande de copains, dont son amie Cathy, elle appartient à la « Team Ad Nauseam ». Elle fréquentait un certain Viktor, un homme originaire d’Europe de l’Est plus âgé, et venait de rompre avec lui.

Puis il y a Taleb, le Syrien en situation irrégulière, qui cherche sa sœur Noura. Elle n’est pas rentrée. Il doit absolument la retrouver et la protéger. Il l’a promis à leurs parents, lorsqu’ils ont quitté leur pays pour un meilleur. Meilleur toujours pas trouvé. Il a failli déjà tant de fois dans son rôle de protecteur. Nora est belle et elle attise toutes les convoitises. Car aujourd’hui, comme hier, la femme reste un objet à soumettre pour bien des hommes. Ses recherches vont le conduire jusqu’à un dispensaire qui est le dernier lieu ou Noura a été vue.

Dans ses recherches, Taleb va croiser d’Yvan.

Yvan qui traque un monstre depuis si longtemps. Monstre dont il a retrouvé la trace à Paris. Ville où le monstre agit en toute impunité, encore une fois, selon lui. Car Yvan est confus. A-t-il toute sa tête ? Yvan et Taleb vont croiser la route de Mehrlicht et son équipe.

Et ils vont tous se démener, au milieu de la brume qui a posé son couvercle sur Paris. Comme un voile de pudeur pour cacher l’indicible ?

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L’avis d’Eppy

Nicolas Lebel nous offre un récit où les personnages récurrents continuent d’évoluer pour notre plus grand plaisir. Leurs fantômes et doutent personnels nous les rendent attachants, si proches avec leurs failles.

Puis il y a toujours cet humour qui permet de reprendre son souffle entre des passages denses et oppressants. Vive les nouvelles sonneries de Daniel, cette fois c’est la variété française des années 70-80 qui est à l’honneur. Je vote une mention spéciale pour le passage avec les patins chez les Mathurins mère et fille qui m’a fait hurler de rire (souvenirs d’enfance personnels).

Cette fiction aborde avec brio des sujets d’actualité tel que la violence faite aux femmes ou le sort des migrants qui survivent dans des ghettos sur notre sol, de tous ces invisibles qui n’intéressent pas les personnes qui détiennent le pouvoir.

Elle nous parle également du passé et de la Roumanie sous Ceausescu.

Encore une très belle réussite, même si « De cauchemar et de feu » (Marabout, 2017) ton précédent opus, reste, pour l’instant, mon préféré.

Bravo Nicolas !

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