Lontano de Jean-Christophe Grangé

Whooz : Jean-Christophe Grangé
ON : Lontano – Albin Michel, 2015 – Livre de Poche, 2017

Lontano de Jean-Christophe Grangé

Chronique de Bruno Delaroque

Je viens de terminer la lecture de « Lontano » de Jean-Christophe Grangé et je me pose une question : Comment résumer ce gros pavé de presque 800 pages sur lequel certainement beaucoup de chroniqueurs ont sué sang et eau ?

Pour faire simple, « Lontano » est très très bon et essayer de vous en parler sans trop en dévoiler sera un exercice périlleux. Challenge que je vais tenter de relever !

J'ai entendu beaucoup de critiques au sujet de cet auteur qui divise. Pour ma part, « Lontano » est ma troisième lecture de JCG après « Le Vol des Cigognes » (Albin Michel 1994) et « La Ligne Noire » (Albin Michel 2004), et avec cette dernière lecture musclée (presque 1 kg l'œuvre), je peux vous assurer de mon enthousiasme et vous dire que je continuerais à lire Jean Christophe Grangé.

Paru à la rentrée 2015 chez Albin Michel, l'auteur raconte l'histoire de la famille Morvan.

Pour une fois, la quatrième de couverture est d'une rare intelligence : « Le Père est le premier flic de France. Le fils aîné bosse à la Crime. Le Cadet règne sur les marchés financiers. La petite sœur tapine dans les palaces ».

En quelques mots elle synthétise parfaitement ce à quoi nous allons nous frotter. Une famille, un clan, un patriarche seront au cœur d'un thriller machiavélique, doublé d'une intrigue politico financière. Et s'il n'y avait que cela !

« Faut vous dire que chez ces gens-là.... » comme disait le grand Jacques, il y a bien sûr « l'Aîné », mais il y a surtout Grégoire Morvan, « celui qui a l'oseille » qui l'a fait fructifier, qui a le pouvoir et presque le droit de vie ou de mort sur une palanquée de gens. Il a connu tous les régimes, tous les présidents, la gauche, la droite, et à 67 balais, il a ses entrées partout. Quarante ans de vie politique à servir ou à détruire, ça crée des liens, d'amitié ou de terreur : « Je n'ai ni amis ni relations, disait-il, j'ai des dossiers » (p21). Tel est le Boss de la famille Morvan, homme dur au passé trouble.

Il envoie son fils Erwan, commandant au 36 à la Crime, enquêter sur la base militaire de Kaervarec dans le Finistère, sur un bizutage qui aurait mal tourné, juste pour rassurer les huiles, calmer le jeu avant que les faits soient relatés dans la presse. Pas de vague, éteindre les braises, une idée derrière la tête........ peut-être aussi. C'est à cela que nous invite Jean Christophe Grangé avec un scénario à venir qui va se révéler royal et addictif.

Je vous le dit et le redis, ce « Lontano » est formidable. Complexe de par ses personnages, de part un tueur en série qui réapparaît, de part ses ramifications sur le continent africain, c'est une intrigue particulièrement impénétrable que l'on découvre au fur et à mesure. Quelques invraisemblances, bien sûr, mais surtout une fabuleuse façon de dérouler l'histoire font de cet énorme pavé une gourmandise qui se dévore.

Les relations compliquées au sein de la famille Morvan accompagnent la trame du roman autant que les fausses pistes qui s'ouvrent et se referment pendant la lecture. Plus on avance, plus on en apprend et …...moins on en sait. Personne n'est blanc ou noir et il n'y a pas forcément que des bons et des salauds ; mais un suspense haletant, oui, des individus cinglés et de grands moments de peurs et d'angoisses, oui. Un faux rythme avant d'accélérer violemment, et cela plusieurs fois dans le roman ; aussi. Accrochez-vous car l'auteur sait ménager ses effets pour notre plus grand bonheur.

C'est quelquefois flamboyant, c'est très très rarement ennuyant, et j'ai gobé ce gros pavé en quatre jours.

Quelques 800 pages plus tard, Jean Christophe Grangé clôture son livre dans une folle montée d'adrénaline à l'aide de twists surprenants et nous laisse exsangue et sonné avec une seule envie dévorante, celle de lire bien vite la suite : « Congo requiem ».

Une de mes excellentes lectures de cette année 2019 !

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