
Ce qui reste de candeur de Thierry Brun

Whooz : Thierry Brun
ON : Ce qui reste de candeur – Jigal Polar, 2020
Ce qui reste de candeur
de Thierry Brun
Chronique de Bruno Delaroque
« Ce qui reste de candeur », quel joli titre pour résumer l'atmosphère distillée au cours de ce roman, qui m'a fait penser dès le départ à une superbe chanson de Gérald De Palmas.
Candeur, innocence, pureté, peu importe, vous vous rendrez vite compte que les pages se tournent très vite et que notre personnage principal va se retrouver dans une spirale assez incontrôlable. Du noir concentré 100%.
Thomas Boral est un témoin sous protection, repenti. Il doit témoigner contre Franck Miller, un individu véreux en cavale pour lequel il travaillait et qu'il a de plus délesté d'un joli paquet de fric.
Planqué à Mazamet ou plutôt même terré en toute discrétion dans cette espèce de trou du cul du monde, au pied du Parc Régional du Languedoc, il est à l'abri, rien ne peut lui arriver.
Il doit rester discret et invisible aux yeux de tous. Protégé et surveillé par les autorités, il ne risque rien, sauf que........
Thomas est soupçonneux, il a le sentiment d'être épié, certainement ses vieilles habitudes de truand. Chaque personne inconnue croisée le rend nerveux, chaque voiture qui semble le suivre le met sur les nerfs, et dans ces endroits retirés, aux routes sinueuses et au temps quelquefois se dégradant très vite, l'atmosphère est lourde, angoissante, et même terrifiante par instant.
L'auteur nous emmène dans une histoire qui semble banale au départ, mais terriblement addictive. Grâce à son style rude par moment et ses mots taillés à la serpe, il met rapidement Thomas Boral sous pression et joue avec nos nerfs. Dans cette campagne paisible, le chaos peut surgir à chaque instant et peut prendre des formes bien diverses. Thomas, en semi-liberté qui n'est qu'un leurre finalement, pourrait bien commettre les pires conneries. Le tueur disparu qui est à ses trousses n'est peut-être pas le danger le plus élevé !
Polar nerveux et chargé en électricité, ça bastonne, ça séduit, ça détruit, le sang coule, la violence se déchaîne et notre héros se retrouve embringué malgré lui dans un tourbillon puissant. On dirait une fuite en avant dans l'espoir de trouver une très hypothétique rédemption. Désemparé, il ne maîtrise plus grand chose hélas, et à terme cela risque de la conduire à sa perte.
Alors que reste-t-il de candeur finalement au bout de ces 192 pages ? A vous voir et de découvrir ce pur roman noir goupillé par Thierry Brun surprenant et au taquet. Une réussite de plus, bien dans la ligne éditoriale de Jigal Polar !
Thierry Brun sur WHOOZONE.COM (Chroniques de Bruno Delaroque)
2020 - Ce qui reste de candeur
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