
L’affaire Perceval de Pascal Martin

Whooz : Pascal Martin
ON : L’affaire Perceval – Jigal, 2019
L’affaire Perceval de Pascal Martin
Chronique de Bruno D
Comment avais-je pu passer à coté de cet auteur que j'ai rencontré avec « La Reine noire » déjà chez Jigal Polar en 2018 ? La lecture a ceci de formidable, c'est une découverte permanente de nouveaux auteurs (enfin pour moi) et je ne peux que remercier la maison Jigal qui à travers une ligne éditoriale fort rigoureuse nous livre pratiquement toujours des pépites.
Cette fois encore, c'est un total régal avec cette immersion dans les arcanes bien particulières du monde de la télévision.
Ah, douce et divine TV, petite lucarne des pauvres, meilleure amie des chômeurs et de la ménagère de plus de 50 ans, bienvenue dans le sacro-saint du saint, le graal, j'ai nommé le dieu « Audimat ». En son nom et en ses chiffres attendus tous les matins vers 9h, on décide, on valide, on plussoie, on affine, ou on coupe, on tranche, on élimine et on vire !
« La télé rend fou » publiait en 1987 Bruno Masure. Plus de trente ans ont passé et Pascal Martin avec « L'affaire Perceval » nous dévoile un bien curieux monde aux manières quelques peu brutales.
Perceval, rêvant de gloire, quittant le calme de son Berry natal, est devenu un présentateur reconnu, adulé et jalousé avec son émission en prime time « La Grande Tchatche ». Mais il faut peu de chose pour que la belle mécanique tousse, fume, puis se grippe. Un banal accident de scooter, tel le fameux battement d'aile de papillon à l'autre bout de la Terre va déclencher un processus puissant et inéluctable.
Peinture au vitriol de ce petit monde télévisuel, Pascal Martin bien inspiré et très au fait des petites pratiques et jeux de pouvoir, nous livre une incroyable satyre du monde pailleté du petit écran. Dieux de pacotille nourris à l'audimat que sont les présentateurs animant des Talk-Show boboïsants, cherchant toujours la mise en scène et la petite phrase qui va faire le buzz, on se doute bien qu'au vu du parcours de l'auteur, on ne doit pas être très loin d'une certaine réalité. Drôle de dire cela d'ailleurs pour parler de « La télé réalité » ! C'est finement observé et totalement bluffant. Opposition de style entre le calme de la campagne Berrichonne et l'agitation de la capitale. Pour ceux qui connaissent bien le pays des sorciers, on a en peu de pages une fidèle retranscription de ce qui fait le charme de cette région entre croyance anciennes et modernisme. Là aussi, c'est justement décrit et ça m'a rappelé bien des souvenirs.
Ajoutez à la trame du roman mystères et fakes news, bien à la mode, des chaînes d'infos en continu jamais avares de sensations et de voyeurisme, terminez avec des personnages bien secrets, difficiles à cerner et vous aurez un aperçu de ce virulent écrit exécuté de main de maître.
Comme dans « La Reine noire » (Jigal, 2017), le précédent opus de Pascal Martin, il y a plein de faux semblants, et notre ami Perceval est loin de se douter de ce qui l'attend. Pantin audiovisuel narcissique, il n'en demeure pas moins attachant et le voir se débattre comme un insecte pris dans une toile d'araignée, finit par le rendre sympathique.
Avec ce qui devient au fur et à mesure « L'affaire Perceval », Pascal Martin tire à boulets rouges sur un système et un monde qu'il connaît bien tout en essayant de décrypter notre époque à travers nos émissions de télévision. Aujourd'hui « 36 chandelles » est bien loin, et la télé d'aujourd'hui plus que jamais est bien le reflet d'une triste époque, la nôtre hélas !
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