2014 - rétro année Noire
Whooz : L’année Noire
ON : 2014
Pleins feux sur Fleur Sauvage
Pleins feux sur une jeune maison d’édition qui, en quatre ouvrages, a enthousiasmé notre année 2014. « Peintures de guerre » (2012), « L'œuvre de sang » (2012) et « Echoes » (2013) sont trois ouvrages signés par David Leconte, « La mesure du possible » (2013) est quant à lui signé par Bertrand B. Ces livres sont les ouvrages fondateurs des éditions « Fleur Sauvage » qui depuis ont étoffés leur catalogue initial d’une manière remarquable*.
Acte 1 - Peintures de guerre (2012) - l’œuvre fondatrice
« Peintures de guerre » est le premier ouvrage écrit par David Lecomte édité par « Fleur Sauvage », une jeune maison d’édition crée par … David Lecomte. Nous devons avouer que cet ouvrage n’a pas suscité le même engouement que « L’œuvre de sang », le second livre de David Leconte, toujours édité chez Fleur Sauvage, ni bien sûr « Echoes » qui n’est autre que la suite de « L’œuvre de sang ».
« Peintures de guerre » comme « l’œuvre de sang » possèdent la qualité de conter une histoire originale et attachante, des personnages forts que l’on n’oublie pas et que l’on suit avec intérêt. Là où « l’œuvre de sang » possède une bonne maitrise, une fluidité dans l’écriture, « Peintures de guerre » est lui plus « décousu » ! Ce qui est normal pour un premier livre, dont on sent un texte travaillé comme un « work in progress ».
« Peinture de guerre » est présenté comme étant le témoignage de son auteur, quelles sont donc les éléments de la vie de David Lecomte ayant servi son récit ? Tout est-il inventé ? Qui est le héros de ce livre écrit à la première personne ? David Lecomte est un ancien conseillé informatique passé à l’écriture par nécessité, son premier roman n’étant d’ailleurs pas qu’un coup d’essai, l’homme ayant toujours flirté avec l’écriture, celle de chansons notamment. Ses premiers pas dans la fiction, David Lecomte les franchira grâce à l’interactivité de MySpace où il conquiert un public de connaisseurs. Fort de cette expérience David Lecomte décidera de fonder sa propre maison d’édition, pour lui-même, mais également pour révéler d’autres talents. Pari gagné, « Fleur Sauvage » édite actuellement Michaël Moslonka, Bertrand B ou Fabio M. Mitchelli, pour ne citer qu’eux.
Le livre. Franck est paumé, il envisage le suicide comme une solution pour mettre fin à ses problèmes, le hasard, le sort ou le destin le fait se lier à Alex, la mauvaise personne au mauvais moment (!). Leur dérive sera sanguinaire, avec une rencontre fondatrice, celle d’une personne âgée qui leur demande de mettre fin à ses jours. La rémission est-elle possible après la descente aux enfers ?
Nous concevons cet article comme la suite d’un dialogue que nous avons instauré avec David Lecomte. WHOOZONE.COM a rencontré l’auteur lors d’une « interview découverte »*, nous aurons plaisir à revoir cet auteur pour un rendez-vous où son œuvre sera plus particulièrement abordée « en connaissance de cause ». Lors de cet entretien nous lui demanderons notamment si ce Franck à pour référence patronymique Franck Thilliez, et si cet Alex est celui de David Lemaitre, le lauréat du Goncourt 2014, dont les polars sont des mécaniques implacables. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup ! (Comme dirait Michel Berger !) – pour la réponse à notre première question, un indice nous est donné à la lecture des remerciements de fin d’ouvrage de « Echoes » !
Acte 2 - L’œuvre de sang (2012) – Un auteur est né
Aparté. « L’œuvre de sang » est un bel objet à la ligne graphique moderne (d’un certain Bertrand Binois, dit Bertrand B), les titres de chaque ouvrage sont inversés sur la 4ème de couverture. Sa typo et mise en page est fluide, pour une parfaite facilité de lecture. L’ouvrage est de qualité, et peut rivaliser avec les plus grands noms de l’édition.
Le livre. « L’œuvre de sang » est le premier tome d’une trilogie suivie de « Echoes » et de « Solitudes ». Le premier chapitre de « L’œuvre de sang » est saisissant, quel progrès par rapport à « Peintures de guerre » ! Cette entame sera au diapason des chapitres suivants.
Le premier livre de la trilogie de David Lecomte suit principalement l’histoire de Paul Cardon et de Jérémie Bauchelard. Paul Cardon prof de math, photographe amateur et … sérial killer photographie quelques détails aux abords de ses crimes au point de créer une véritable « Œuvre de sang », une œuvre énigmatique qui hypnotise son auditoire. Jérémie Bauchelard, élève de Paul Cardon, a, jeune, assisté au massacre de ses parents et est détenteur d’étranges pouvoirs qu’il a souvent du mal à canaliser. Quels sont les liens qui unissent Paul Cardon et Jérémie Bauchelard ?
Dimension fantastique. « L’œuvre de sang » est un thriller fantastique, où « le fantastique ne viendra jamais au moment où on s’y attend » nous avait dit David Lecomte lors de son interview*, ce qui est vrai. Ses chapitres sont courts, composés eux-mêmes de paragraphes courts également, ce qui apporte une fluidité dans la lecture, mais frustre parfois le lecteur. Outre les deux personnages principaux, ces paragraphes suivront une multitude de personnages secondaires gravitant autour d’eux, parmi eux citons, la femme de Paul Cardon, la grand-mère de Jérémie, Nadia sa petit amie ou Saïd, l’ami journaliste de Paul Cardon (mention spéciale au proviseur et sa secrétaire et à leurs savoureux déboires).
Références. Stephen King n’est jamais loin de l’univers développé par David Lecomte dans « L’œuvre de sang », Jérémie et ses dons surnaturel est un frère légitime du petit Danny de « Shining ». L’auteur semble également être un familier de l’écriture de Philip K. Dick (une question à lui poser lorsque nous le rencontrerons – cette remarque nous a été inspirée par Michael Moslonka).
Acte 3 – Echoes (2013) – La jubilation de retrouver un univers familier
Un titre. « Echoes » peut se découvrir indépendamment de « L’œuvre de sang », même s’il en constitue la suite et qu’il fait référence au premier tome de la trilogie de « L’œuvre de sang ». « Echoes » peut se voir également comme un ouvrage se référençant à l’œuvre de David Lecomte, et en particulier à son premier livre, on y retrouve en effet un personnage paumé qui suit une mauvaise rencontre dans de sanguinaires pérégrinations.
Retrouvailles. On y retrouve un jeune Jérémie Bauchelard qui a bien grandi, ses relations avec Nadia ont évoluées, et sont devenues plus adultes … on n’y retrouvera pas Paul Cardon, et pour cause, mais sa mémoire sera évoquée, son œuvre aussi … par contre l’on fera la connaissance de l’inspecteur Frédéric Lugten, lancé à la poursuite d’un dangereux tueur en série (qui est-il ? La moralité de l’histoire dira que la vie ne tiens pas à grand-chose !). « Echoes » suit la voie tracée par « L’œuvre de sang », mais avec une dimension polar que le premier tome de la trilogie n’abordait pas vraiment.
Le style. « Echoes » à la même particularité stylistique que « L’œuvre de sang », l’ouvrage est composé de chapitres assez courts, eux-mêmes divisés en paragraphes courts, ce qui amène une fluidité efficace dans sa lecture. Il est à constater que là où David Lecomte frustrait, voir perdait quelque peu son lecteur dans le premier opus de sa trilogie (par le suivi de trop de personnages, sans doute), l’auteur arrive ici à une meilleure maitrise de ses propos, que par ailleurs il ressert.
Pense bête. Penser à évoquer le rôle des fleurs dans l’univers développé par David Lecomte lors de notre prochain entretien.
Acte 4 – Solitudes (2014) – Nos espoirs de lecteur
Quels seront les destins de Jérémie, de sa Nadia ? Retrouvera t’on Frédéric Lugten ? (Ce dernier pourrait-il devenir le héros récurent des prochains livres de David Lecomte ?) … Le troisième tome de la trilogie de « L’œuvre de sang » est plein de promesses. Comme toujours c’est par énigme que David Lecomte en parle :
Mon premier fut créé par le mal
Mon deuxième est au cœur des déments
Mon troisième ne vit que pour le beau
Mon tout deviendra une fleur
Tentative de déchiffrage :
Mon premier fut créé par le mal – Les conséquences des actes de Jérémie Bauchelard ? (Le jeune héros créé par David Lecomte a souvent été compris comme l’incarnation du Mal, dans « Echoes » il met en garde se proches par des propos en verlant (dans la lignée du « Redrum » du « Shining » de Stephen King) : « Aivaum uis ej, elliquanrt iom essail ».
Mon deuxième est au cœur des déments – Un secret concernant les personnes enfermées en Hôpital psychiatrique évoqué dans « Echoes » !
Mon troisième ne vit que pour le beau – Le retour de Paul Cardon ? (tout est possible, mais la prédominance de M Formose est plus plausible)
Mon tout deviendra une fleur – Une « œuvre de sang » ? Une œuvre générée par Jérémie Bauchelard ?
Quelle attente !
Acte 5 – La mesure du possible (2013) – Bertrand B – La jouissance des mots
Bertrand B est l’auteur de « La mesure du possible », un recueil de nouvelles jubilatoires. Plus exactement, avec « La mesure du possible », Bertrand B offre à ses lecteurs « un roman hors-normes déguisé en recueil de nouvelles fantastiques, étranges et cyniques » dixit son quatrième de couverture, des « contes absurdes & petites fêlures invisibles » comme le stipule le sous-titre de l’ouvrage. Il est conseillé de lire les nouvelles proposées par Bertand B dans son recueil à la suite tant elles se répondent entre elles, on pourra bien sûr picorer l’univers développé par l’auteur, mais cela apportera t’il les mêmes jouissances ?
L’écriture d’un format court n’est pas plus simple que la maitrise d’un format long, bien au contraire, et Bertrand B réussi l’exercice à merveille. « La mesure du possible » est un recueil de huit nouvelles, exercice anglo-saxon par excellence, maitrisées de bout en bout. Celles-ci vont au but en 15/20 pages tout en n’oubliant pas de constituer un univers cohérent. Mention spéciale à la dernière nouvelle où l’on découvrira qu’Enfer et Paradis sont assez proche, et que « l’éternité s’est long, surtout vers la fin » (ce que nous nous étions dit d’une manière naturelle, avant que ce ne soit explicitement dit par Bertrand B, l’auteur tenant cette remarque d’un certain Woody Allen !).
« L’Enfer » est un thème récurrent des nouvelles de Bertrand B, il s’installe sur terre au premier « chapitre » de son livre, il sera choisi (par défaut !) lors de la dernière mesure composée par l’auteur. Un auteur qui, dans son ouvrage, fait également preuve d’un humour subtile, et qui pose un véritable regard sur notre société. Nous avons hâte de découvrir quelles seront les prochains écrits de Bertrand B, un auteur à suivre.
* Acte 6 – L’aventure continue
La carte de « Fleur Sauvage » c’est de jouer la découverte de talents dont les textes n’auraient jamais été édités chez d’autres structures, de quoi se construire une belle unité. Cette unité s’est vérifiée en 2014 avec les parutions de « La compassion du Diable » de Fabio M. Mitchelli (ouvrage remarqué par Gérard Collard dans ses chroniques sur France 5, France Info et LCI), de « 666ème Kilomètre » de Michael Moslonka, « La carne » de Guy Lefebvre et de « Solitudes » de David Leconte. Cette unité se vérifiera encore en 2015, ce début d’année devrait voir la sortie de trois nouveaux titres, dont "Requiescant", le prochain thriller de Patrick S. Vast (sortie le 10 février dans toutes les bonnes libriairies).
Pour aller plus loin sur WHOOZONE.COM
Notre entretien avec David Lecomte
https://www.whoozone.com/actualites/article-2152-201405062152-david-lecomte-interview-decouverte.html
Notre « Preview Littérature Noire, rentrée 2014 »
https://www.whoozone.com/actualites/article-2520-201409042520-rentree-polars-2014-5-rendez-vous-incontournables.html
Prochainement WHOOZONE.COM éditera l’interview que Michael Moslonka lui a accordée pour la sortie de « 666ème Kilomètre »
En attendant retrouvez « l’interview découverte » qu’il nous a accordée.
https://www.whoozone.com/actualites/article-2298-201407032298-interview-decouverte-de-michael-moslonka.html
Pour aller plus loin
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