La Blanche Caraïbe de Maurice Attia
Whooz : Maurice Attia
ON : La Blanche Caraïbe – Jigal Polar, 2017
La Blanche Caraïbe
de Maurice Attia
Chronique de Bruno Delaroque
Un Maurice peut en cacher un autre chez Jigal. Après Maurice Gouiran et « Le Diable n'est pas mort à Dachau » bien apprécié, voici Maurice Attia et « La Blanche Caraïbe ». Quand l'un parlait de la fin de la guerre, des expérimentions médicales et des camps de la mort, l'autre fonce vers l'éclatante lumière des tropiques, véritable paradis faisant fantasmer bon nombre de touristes .
Khoupi, l'ancien flic marseillais, avait dû fuir aux Antilles avec Eva sa compagne, après avoir sauvé la vie de son ancien binôme, Paco et de sa femme Irène. Aujourd'hui, toujours dans les Caraïbes, alcoolisé à n'en plus finir et séparé d'Eva, officiant comme gardien de chantier, il assiste de loin et par hasard à un double meurtre. Se rendant compte que s'il parle tout va le désigner, ou comme cible, ou comme coupable, il se résigne à appeler Paco, son ex-coéquipier, en qui il a toute confiance pour le tirer de cette mauvaise embrouille.
Avec « La Blanche Caraïbe », Maurice Attia dresse un portrait des Antilles françaises et de la Guadeloupe en particulier sans fard ni pommade. Au cœur des plages de rêves, de la végétation luxuriante et de la moiteur tropicale, l'île en forme de papillon est un concentré de secrets, de croyances, de sexe, de drogues, de petites ou grandes combines, bien loin des images de cartes postales .
J'ai adoré cette histoire, où sur fond de néocolonialisme et de modernisation, de grands projets immobiliers, de politique, et de réseaux d'influences diverses,chacun cache sa part de vérité et tout n'est que façade.
Pour ceux qui connaissent bien la Guadeloupe (comme moi depuis 2009) et bien que nous soyons en 1976, tout sonne juste : le lourd tribut esclavagiste, encore bien présent, le développement du port de Jarry, les différences entre la Grande Terre et la Basse Terre. L'auteur traite de tout avec vérité ; la puissance des syndicats et du ….rhum, les métros, les békés, les lolos, les yinyins. On y trouve aussi les belles demeures coloniales antillaises, le cimetière noir et blanc de Morne à l'eau, les villes comme Saint François, Le Gosier , Sainte Anne et ….........l'infidélité notoire des antillais. Maurice Attia nous immerge au plus profond d'une Guadeloupe authentique parfaitement décrite .
Paco et Khoupi, reformant leur tandem d'anciens flics, vont avoir du pain sur la planche dans cette gwada, où le tourisme n'est que la partie apparente de l'iceberg. Sur fond d'éruption de La Soufrière et de controverse houleuse entre Haroun Tazieff et Claude Allègre, les cadavres s'accumulent et nos enquêteurs piétinent et ont à chaque fois un train de retard.
Remarquable roman noir autant que social, cet opus signé Maurice Attia est une superbe réussite que j'ai volontairement lu en traînant pour en profiter plus longtemps. « La Blanche Caraïbe » est le premier tome d'une nouvelle trilogie, alors s'il vous plaît Monsieur Attia, vite, vite, vite la suite parce que ça « j'achète » comme dit l'autre.
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