We are what we are, un film de Jim Mickle

We are what we are, un film de Jim Mickle

Whooz : We are what we are, un film de Jim Mickle
ON : En vidéo depuis le 3 septembre 2014

Derrière le poids de la religion

Les Parker sont une famille comme les autres avec à leur tête Franck (Bill Sage) un patriarche qui la guide avec austérité et avec le souci de la transmission d’une tradition ancestrale, celle de se repaitre de chair humaine, avec un goût plus particulier pour la cervelle, met par excellence. Après le décès de leur mère, Iris (Ambyr Childers) et Rose (Julia Garner), ses deux filles, ont en charge l’éducation de Rory (Jack Gore), leur jeune frère, tandis qu’une tempête révèle les corps des victimes de la famille Parker et que la police est sur leurs traces. Les sœurs Parker vont apprendre que derrière le poids de la religion elles ont la liberté de se forger leur propre destin.

We Are What We Are - Cannes Film Festival Clip

« We are what we are » est le remake de « Somos Lo Que Hay », (« Ne nous jugez pas » (2010)) de Jorge Michel Grau, qui racontait l’histoire d’une famille de cannibales installée à Mexico City, et plus particulièrement d’Alfredo et de Juan, deux frères forcés de prendre en charge la chasse et la préparation des repas rituels de la famille suite au décès de leur père. Le remake lui incombera ce rôle aux sœurs Parker, ce au décès de leur mère. Si « Somos Lo Que Hay » abordais la question du cannibalisme d’une manière sociétale, « We are what we are » aborde le thème par le biais de la religion. L’anthropophagie devient ainsi une pratique ancestrale que la famille Parker se doit de respecter, et qui la voit chaque année à Pâque sacrifier un être humain.

La consommation répétée de matière cérébrale humaine n’est pas sans conséquence sur l’organisme de celui ou celle qui la consomme, surtout à haute dose, il sera ainsi victime d’une maladie causant sa dégénérescence. Ce que contractera la mère Parker. Potentiellement Iris et Rose, en tant que filles, en seront affectées d’une manière privilégiée. Les sœurs Parker vivent sous la férule de Franck, leur père autoritaire, qui les protège du monde extérieur dans une sorte d’éducation de type mormone. Le spectateur s’attachera à leur parcours avant de s’apercevoir qu’elles sont aussi monstrueuses que leur père. Cependant, le tour de force de Jim Mickle sera que le spectateur gardera assez de compassion pour celles-ci pour les considérer comme des victimes, et expliquer leur geste, celui de tuer le père (d’une manière grand-guignolesque, dans la logique les enseignements du patriarche).

Jim Mickle est un réalisateur habile qui pratique le hors-champ d’une manière judicieuse et efficace. « We are what we are » joue avec les codes du film d’horreur, le film de torture sera même évoqué dans l’une des fausses pistes usée par le réalisateur. L’ambiance sera ici privilégiée plutôt que la gore au profit de la dénonciation d’un système fermé sur lui-même et mu par la religion. Les paraboles religieuses sont d’ailleurs nombreuses, dont celle de l’eau, révélatrice des corps et purificatrice. Iris et Rose seront tour à tour deux anges, et deux démons. Quelles conséquences sur leur vie future auront-elles du passé dont elles se sont libérées ?

Les sœurs Parker sont interprétées par Ambyr Childers et Julia Garner. Ambyr Childers à 24 ans et est l’interprète d’Isis, Julia Garner à 18 ans et est l’interprète du personnage de Rose. Ambyr Childers a puisé dans son passé de mormone pour composer son rôle, celui d’une ainée qui doit remplacer sa mère. Julia Garner (dont la frêle beauté illuminait « Electric Children » de Rebecca Thomas (2012)) joue quant à elle sur le registre de l’émotion et de l’émerveillement liée au sortir de l’enfance. Toutes deux sont remarquables et portent le film de Jim Mickle. Un film qui ne serait rien sans la composition de Bill Sage dans le rôle de Franck Parker le père autoritaire héritier d’une pratique ancestrale.

« We are what we are » (« Nous sommes ce que nous sommes ») est un film que Jim Mickle a voulu dérangeant pour mieux provoquer la réflexion. Le réalisateur impose son tempo, à l’amateur de film de terreur de respecter ce fait, il découvrira une réflexion plus politique qu’elle n’y parait au premier abord. Le twist final sera quant à lui des plus réjouissants. Nous ne comprenons pas pourquoi ce film est un DTV en France, à vous de le découvrir par l’intermédiaire de ce média.     


Pour aller plus loin sur WHOOZONE.COM

Récit du 8ème jour du festival de Deauville 2013 – jour de projection en compétition officielle du film de Jim Mickle et jourde la venue de John Travolta

https://www.whoozone.com/actualites/article-1441-201309101441-deauville-2013-8eme-jour.html

Récit de la conférence de presse du film « We are what we are »


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28/12/2014
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